Gréviculture, petits compléments

Publié le par Olivier Bouba-Olga

Pour les poitevins, Centre-Presse a repris certains éléments de mon billet dans un article de l’édition d’aujourd’hui.

 

Pour compléter, je vous conseille d’abord la tribune de François Doutriaux,  dans Libération du 14 novembre 2007. Titre : « le mythe d’un pays gréviste ». Avec  des chiffres convergents, et d’autres complémentaires de ceux que j’ai avancés. Trois idées fortes : i) diminution de l’ampleur et de la fréquence des mouvements sociaux en France, ii) la France se situe plutôt en dessous de la moyenne depuis une quarantaine d’années, iii) les conflits localisés dominent largement sur la période récente (85% des grèves sur la période 1990-2005), les journées d’action nationale pèsent peu (1% des grèves).

 

Voir également l’interview de Jean-Michel Denis, maître de conférences en sociologie à l’université de Marne-la-Vallée et chercheur au Centre d’études de l’emploi, dans le numéro de Libération du 19 novembre.  Il est co-auteur notamment de cet ouvrage. Titre : « La conflictualité ne décline pas, elle se transforme ». Propos tenu notamment sur la base du document de la DARES que j’avais mentionné dans mon post. Il signale notamment que "Une forme de contestation a fortement augmenté : le refus d’heures supplémentaires, ce qui est cocasse dans cette période où on demande aux salariés de travailler plus pour gagner plus." La DARES nous apprend en effet que 9,6% des établissements enquêtés sont concernés par un refus d'heures supplémentaires sur la période 2002-2004, contre 3,2% sur la période 1996-1998.

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F
Non, non, j'insiste: on dit effectivement ce que vous dites, sur la France non réformable, mais la population stigmatisée comme systématiquement gréviste est clairement identifiée, même si c'est souvent de façon implicite. "La France, pays de grévistes" est bel et bien un homme de paille.
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O
@FC : c'est vrai, personne ne dit que la France n'est pas réformable, que dès qu'on propose une réforme les gens se mettent en grève et blablabla et blablabla@Henri : * je ne suis pas myope (un peu hypermetrope en revanche), je cherche juste à collecter des infos statistiques pour faire émerger quelques faits stylisés. En l'occurrence, les chiffres que j'ai pu collecter montre que la France ne se caractérise pas par un nombre de grèves (public+privé) par salarié démesuré, et que ce "taux de grève" tend plutôt à décroître avec le temps, la décroissance étant dû pour une large part à l'effondrement dans le privé. Doutriaux n'est pas le seul à dire cela, voir l'interview de Denis ainsi que les comparaisons internationales citées dans mes billets. * sur les chiffres de Doutriaux, c'est vrai, je ne les ai pas vérifié un par un (mea culpa), mais ils me semblent cohérents avec ceux que j'ai pu voir par ailleurs. Sur le chiffre de 1 million, le problème est qu'on ne sait pas quelles sont ses sources. Ceci n'invalide pas son propos, puisqu'il dit que la part du public croît dans l'ensemble, ce qui reste vrai (encore plus) avec le chifre que vous avancez. Sur la part de 80% et non pas 60%, c'est contestable : lui parle d'une période, vous d'une année (2005). En m'appuyant sur les sources DGAFP que vous mentionnez, j'obtiens pour la période 1990-2004 une moyenne de 1 010 679 jours de grèves, ce qui est cohérent avec le chiffre qu'il avance. * bon, je suis preneur d'autres chiffres pour voir l'évolution du taux dans le public, si vous avez ça en stock, histoire de précisez les faits stylisés car une fois encore, c'est l'objectif.
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F
Effectivement, comme je le radotais ailleurs, l'article de Doutriaux est grossièrement polémique. Et repose tout entier sur la réfutation du "mythe d'un pays gréviste", mythe qui n'existe que dans l'imagination de l'auteur: personne ne dit que la France est un pays de grévistes. Ce qui est dit, c'est que la France est un pays où le secteur public fait beaucoup de grèves bloquantes et coûteuses. Il n'y a aucune donnée sérieuse là-dessus dans le papier de Libé.
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H
Je ne comprends pas. Hier, pour  illustrer la diminution tendantielle dans le temps du nombre de journées de grève, vous publiez des chiffres, que vous présentez implicitement comme globaux, alors qu'il s'agit en fait de ceux du secteur privé. Aujourd'hui, vous conseillez une tribune polémique de Libération, signée d'un parfait inconnu, même de Google, présenté comme enseignant le droit, et qui étale fort à propos des données grossièrement fausses (*) et  des ratios visiblement incohérents et manipulés (**), visant à démonter "Le mythe d'un pays gréviste" et qui sent très fort une production d'officine. Etes-vous devenu myope? Ou est-ce pire? (*) "1 million de journées de grève dans le public en 2005". Le Rapport annuel de la fonction publique, consultable en ligne, recense en fait pour 2005, sur un périmètre plus restreint que le secteur public, 1.337 million de journées de grève. (**) dans la même phrase, 1,000,000 / (1,000,000 + 224,000) = 80% des journées de grève dans le secteur public, pas "60% à compter du milieu des années 90". En plus, il ne s'agit pas d'un million, mais de 1.3 million minimum , donc ce n'est même pas 80% mais un minilum de 85%. Le reste est à l'avenant
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