Sur le problème du chômage et les façons de le résoudre...
Je me répète sans doute un peu, mais le débat autour du chômage des jeunes reste à un tel niveau, que je ne peux qu'en remettre une couche...
Les dispositifs mis en oeuvre par le gouvernement (CPE, CNE) visent, et c'est heureux, à réduire le problème du chômage. La question est de savoir si les causes identifiées sont les bonnes, et si les solutions apportées sont pertinentes.
Dans cette perspective, l'enchaînement qui sous-tend la mise en place des CNE, CPE est le suivant :
1) le taux de chômage en France est trop élevé
2) ce chômage touche prioritairement les jeunes (22% fin 2004 selon l?Insee), il faut donc cibler l'action sur cette catégorie de la population
3) si les jeunes sont au chômage, c'est en raison i) d'un manque d'expérience, ii) de la rigidité du marché du travail, qui rend difficile les licenciements, donc l'embauche
4) en mettant en place des contrats plus flexibles, les entreprises vont être incitées à embaucher des jeunes, qui vont ainsi pouvoir accumuler l'expérience qui leur fait défaut
Or, il y a des failles importantes dans ce raisonnement :
1) sur le premier point, rien à dire : oui, il y a un problème de chômage en France !
2) non, ce chômage ne touche pas prioritairement les jeunes, mais les moins qualifiés, c'est donc eux qu'il faut cibler (Cf. la discussion sur le taux de chômage des jeunes),
3) si les personnes les moins qualifiées sont au chômage, ce peut être pour deux raisons :
* elles coûtent trop chère, d'autant plus quand la concurrence se déploie à l'échelle internationale
* les entreprises n'en ont pas besoin, car elles n'utilisent, comme ressource, que du travail qualifié (du capital humain dira l'économiste)
S'agissant du problème du coût : dans les médias, on nous dit que forcément,
Quand ce n'est pas le coût qui pénalise les salariés les moins qualifiés, mais « simplement » le fait que l'on a besoin uniquement de travail qualifié, le problème est le même : c'est seulement en requalifiant les personnes les moins qualifiées que l'on pourra assurer leur insertion sur le marché du travail.
Dans tous les cas, donc, l'enjeu essentiel, en termes de politique économique, n'est pas de flexibiliser le marché du travail, mais d'accroître l'effort de formation, à la fois initiale (problème des jeunes sortant du système éducatif sans qualification) et continue (comment réemployer une personne si, trente années durant, elle a répété le même geste sur une chaîne productive ?).