Flexibilité vs. précarité : définitions

Publié le par Olivier Bouba-Olga

Quelques petits éléments de définition pour bien prendre acte de l'importance du glissement sémantique  :

- précarité : "caractère de ce qui est librement révocable au gré du maître des choses" (définition trouvée dans un lexique juridique, reprise sur le site Econoclaste)

- flexibilité : "que l'on peut changer pour adapter aux circonstances" (Robert 1)

Bien avant Dassault, Parisot avait fait l'apologie de la précarité : "La vie, la santé, l'amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi?" (Figaro économie, 30 aôut 2005, glâné également sur Econoclaste dans le même article). Je propose que l'on ajoute immédiatement Laurence Parisot au concours de la formule la plus intelligente. C'est donc tout naturellement que la patronne des patrons défend le CNE. Mais attention, pas le CPE ! : « il n'est jamais bon de traiter une partie de la population de manière spécifique »(source : Les Echos, 24 février 2006). La précarité, oui, mais pour tous les salariés, s'il vous plaît !!!

Pourquoi passer du terme de flexibilité à celui de précarité ? Sans doute parce que la flexibilité est polymorphe : elle peut par exemple passer par l'investissement des entreprises dans la formation des salariés, afin d'accroître leur polyvalence (et donc leur flexibilité). Dans ce cas, logiquement, on préférera des contrats de travail de plus long terme, afin de récolter les fruits de son investissement. La précarité, au moins, n'est pas ambigüe. Elle permet de retrouver ses repères et de savoir qui est le chef.

Ce qui fait dire à Henri Lachmann, PDG de Schneider Electric, lors d'un débat organisé à l'Institut Montaigne face ,précisément, à Laurence Parisot : «Je suis contre le CDD, car il institutionnalise la précarité en servant uniquement de réponse tactique à la rigidité mentale de nos collaborateurs» (source : Les Echos, 24 février 2006). Psycho-rigides, Dassault et Parisot?

Publié dans Emploi

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H
Solution tres elegante pour eviter de repondre.<br /> Veuillez remarquer toutefois que votre sens de superiorite, votre certitude d'avoir raison, tellement forte que vous ne souhaitez meme pas en discuter est a mon avis excessive. La planete entiere est en train de se retirer des emplois garantis finances par les deficits etatiques, les pays scandinaves souvent invoques ont mene des serieuses reformes et on y peut desormais licencier sans formalites meme les prof sd'Etat, comme en Suede. S'habituer d'ores et deja a la precarite fera du bien si non a votre generation de privilegies qui a coule les finances publiques,  au moins a vos enfants qui devront les reconstruire.<br /> Cordialement
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O
@Hayekfan : démonstration lumineuse, on ne peut que s'incliner devant la puissance de votre raisonnement.
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H
PARISOT A RAISON!<br /> On oublie tres rapidement que l'entreprise francaise type n'est pas Schneider, un geant en situation de quasi-monopole qui peut facilement decharger toute difficulte sur ses clients. Le travail se doit d'etre precaire, surtout dans cette conjoncture exacerbee par les couts astronomiques induits par le soutien d'un Welfare faraonique, et d'un poids etatique qui n'a pas l'egal dans la planete. La precarite marche dans les deux sens, il n' y a pas de maitre. L'employe peut partir a tout moment, parce qu'il n'est plus interesse, ainsi doit etre pour l'employeur. Toute autre solution fait violence a l'un des deux. Point final.
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A
Bonjour M. Bouba-Olga ! C'est Arnaud L. (Je vous ai croisé ce matin.) !Je passe et vous fournit ce lien : http://www.francisek.com/article-27242.html.Il s'agit de l'une des pontes d'Over-Blog, je crois, qui justement met à disposition de toutes et tous des outils, comme celui-ci permettant de créer son design aisément et sans connaissance approfondie du CSS.Sinon, très heureux de constater que vous ouvrez à un plus large public (Après votre ouvrage sur l'économie d'entreprise.) encore vos points de vue, analyses et connaissances. Bourdieu s'est battu et a encouragé toute sa vie les intellectuels, et surtout les économistes, à sortir de leur tour d'ivoire.D'ailleurs, il renvoyait la balle aux économistes concernant le fait que beaucoup se plaignaient de la mauvaise utilisation de leur "science" : car selon lui il fallait justement que ceux qui se plaignent sortent un peu de l'ombre et proposent d'autres informations, explications, raisonnements au plus grand nombre.On se plaint régulièrement de l'aristocratie/"enarchie" qui est le modèle dominant Français, mais au final le problème est plus profond-dément ancré : l'ultraspécialisation des différentes classes sociales, domaines d'études, l'individualisme croissant et la reproduction sociale n'encourageant pas les choses.Bonne chance dans votre aventure bloggesque, je repasserai pour commenter quelques articles le plus tôt possible. :o)
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E
J'ai bien fait de penser que vous trouveriez très utile la référence à ce second discours patronal sur la précarité...Question à leur poser : le contrôle d'une entreprise relève-t-il, comme tout ce qui touche à l'humanité, de la précarité ? Ou faut-il s'organiser pour lutter contre ?
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