Pour réduire le chômage, imitons les meilleurs pays!
Tout le monde le sait, la France a un problème avec son chômage. Tout le monde le sait aussi, d'autres pays font mieux que la France. D'où l'évidence : regardons comme font les autres, et faisons comme les meilleurs d'entre eux. Et comme le dit Alain Lambert, " Il ne s'agit de porter un jugement de valeur, simplement de savoir comment cela se passe autour de nous".
Faut-il une flexibilité des salaires faible, moyenne ou forte? Regardons, comparons et adoptons!
Faut-il une protection de l'emploi faible, moyenne ou forte? Regardons, comparons et adoptons!
Faut-il des minima sociaux faibles, moyens, forts? Regardons, comparons et adoptons!
Et la part de l'emploi public? Faible, moyenne ou forte? Et le taux de syndicalisation? Faible, moyen ou fort? etc...
Ok, comparons. C'est en tout cas à ce petit exercice que se sont livrés Jean-Paul Fitoussi et Olivier Passet dans un rapport pour le CAE de 2000, en regardant les modèles de réussite en Europe et dans quelques autres pays. Ils distinguent les modèles dynamiques, qui ont fait reculer le chômage de masse, et les modèles de résistance, qui sont parvenus à le maintenir à un niveau faible. Tous ces pays ont obtenus des résultats bien meilleurs que ceux de la France, ils peuvent donc prétendre servir de modèle. D'ailleurs, on y retrouve sans surprise nos modèles préférés : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, etc.
Tableau de résultats (dans le rapport, page 22) :

Bon, les résultats sont... surprenants... : sur la flexibilité des salaires, ca dépend des pays, sur la protection de l'emploi, ca dépend des pays, sur la part de l'emploi public, ca dépend des pays, sur les minima sociaux, ca dépend des pays, sur le taux de syndicalisation ca dépend des pays.... Alors je veux bien faire comme Alain Lambert le dit, regarder juste pour savoir comment ca se passe ailleurs, mais ce qu'on comprend, c'est qu'on comprend plus rien...
Plus sérieusement, je crois que l'on peut tirer deux enseignements essentiels de cette étude. D'abord que pour arriver à un résultat donné, il y a souvent plusieurs façons de faire. Il n'existe pas de modèle optimal vers lequel on devrait nécessairement tendre, pas de déterminisme économique, mais une diversité de réponses possible à un même problème. Ensuite que ceci ne doit pas faire penser que l'on peut tout faire et dans n'importe quel sens : ce qui compte, fondamentalement, c'est la complémentarité et la cohérence entre les différents éléments du système institutionnel, c'est donc le système d'ensemble qu'il convient d'analyser et de faire évoluer.
On pourrait cependant faire une autre analyse de ces résultats, en se disant que la réduction du chômage ne dépend pas prioritairement des "règles du jeu" caractéristiques des marchés du travail, mais plutôt de ce qui est fait du côté des politiques de croissance. C'est d'ailleurs le principal reproche que je ferais à l'étude de Cahuc et Carcillo (reproche plus important que celui exposé par Husson et Coutrot et qui agite le petit monde des économistes (cf. ici par exemple), me semble-t-il...) : l'étude de Cahuc et Carcillo repose sur une analyse que je qualifierais bien de (néo)institutionnaliste, qui suppose que les problèmes de fonctionnement du marché du travail (chômage et précarité) dépendent essentiellement des "règles du jeu" en vigueur. Dès lors, la résolution des problèmes passe par une évolution des règles du jeu (d'où la proposition de Cahuc d'un contrat unique, etc...). J'opposerais à cette vision une analyse que je qualifierais plutôt de "cognitiviste" (pour une présentation des néo-institutionnalistes et des cognitivistes, je renvoie à mon économie de l'entreprise :)), qui considère que le problème du chômage est avant tout l'affaire d'un manque de croissance, manque qui s'explique lui-même par des insuffisances en matière de politique d'éducation (dans le supérieur, notamment) et d'innovation.
Bien sûr, les deux points de vue ne sont pas irréconciliables, mais je crois qu'il serait bon de hiérachiser les objectifs et surtout de ne pas croire que l'évolution du droit du travail suffira à elle-seule à résoudre les problèmes de chômage et de précarité.
Faut-il une flexibilité des salaires faible, moyenne ou forte? Regardons, comparons et adoptons!
Faut-il une protection de l'emploi faible, moyenne ou forte? Regardons, comparons et adoptons!
Faut-il des minima sociaux faibles, moyens, forts? Regardons, comparons et adoptons!
Et la part de l'emploi public? Faible, moyenne ou forte? Et le taux de syndicalisation? Faible, moyen ou fort? etc...
Ok, comparons. C'est en tout cas à ce petit exercice que se sont livrés Jean-Paul Fitoussi et Olivier Passet dans un rapport pour le CAE de 2000, en regardant les modèles de réussite en Europe et dans quelques autres pays. Ils distinguent les modèles dynamiques, qui ont fait reculer le chômage de masse, et les modèles de résistance, qui sont parvenus à le maintenir à un niveau faible. Tous ces pays ont obtenus des résultats bien meilleurs que ceux de la France, ils peuvent donc prétendre servir de modèle. D'ailleurs, on y retrouve sans surprise nos modèles préférés : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, etc.
Tableau de résultats (dans le rapport, page 22) :

Bon, les résultats sont... surprenants... : sur la flexibilité des salaires, ca dépend des pays, sur la protection de l'emploi, ca dépend des pays, sur la part de l'emploi public, ca dépend des pays, sur les minima sociaux, ca dépend des pays, sur le taux de syndicalisation ca dépend des pays.... Alors je veux bien faire comme Alain Lambert le dit, regarder juste pour savoir comment ca se passe ailleurs, mais ce qu'on comprend, c'est qu'on comprend plus rien...
Plus sérieusement, je crois que l'on peut tirer deux enseignements essentiels de cette étude. D'abord que pour arriver à un résultat donné, il y a souvent plusieurs façons de faire. Il n'existe pas de modèle optimal vers lequel on devrait nécessairement tendre, pas de déterminisme économique, mais une diversité de réponses possible à un même problème. Ensuite que ceci ne doit pas faire penser que l'on peut tout faire et dans n'importe quel sens : ce qui compte, fondamentalement, c'est la complémentarité et la cohérence entre les différents éléments du système institutionnel, c'est donc le système d'ensemble qu'il convient d'analyser et de faire évoluer.
On pourrait cependant faire une autre analyse de ces résultats, en se disant que la réduction du chômage ne dépend pas prioritairement des "règles du jeu" caractéristiques des marchés du travail, mais plutôt de ce qui est fait du côté des politiques de croissance. C'est d'ailleurs le principal reproche que je ferais à l'étude de Cahuc et Carcillo (reproche plus important que celui exposé par Husson et Coutrot et qui agite le petit monde des économistes (cf. ici par exemple), me semble-t-il...) : l'étude de Cahuc et Carcillo repose sur une analyse que je qualifierais bien de (néo)institutionnaliste, qui suppose que les problèmes de fonctionnement du marché du travail (chômage et précarité) dépendent essentiellement des "règles du jeu" en vigueur. Dès lors, la résolution des problèmes passe par une évolution des règles du jeu (d'où la proposition de Cahuc d'un contrat unique, etc...). J'opposerais à cette vision une analyse que je qualifierais plutôt de "cognitiviste" (pour une présentation des néo-institutionnalistes et des cognitivistes, je renvoie à mon économie de l'entreprise :)), qui considère que le problème du chômage est avant tout l'affaire d'un manque de croissance, manque qui s'explique lui-même par des insuffisances en matière de politique d'éducation (dans le supérieur, notamment) et d'innovation.
Bien sûr, les deux points de vue ne sont pas irréconciliables, mais je crois qu'il serait bon de hiérachiser les objectifs et surtout de ne pas croire que l'évolution du droit du travail suffira à elle-seule à résoudre les problèmes de chômage et de précarité.