La métaphore de l'horoscope

Publié le par Olivier Bouba-Olga


Econoclaste en remet une couche sur la dette publique. Leconomiste complète en critiquant l'éternelle litanie "l'Etat gaspille, le privé gère bien". Il explique ce sentiment bien ancré chez certaines personnes par le fait qu'on dispose de plus d'information sur le public que sur le privé. Je complète un peu.

Pourquoi certaines personnes pensent-elles que le privé est plus efficace que le public? Pour la même raison que d'autres personnes croient en l'astrologie : quand la prédiction de l'horoscope se réalise, on la retient et on se dit, "mince alors! il (elle) avait raison!" Quand la prédiction ne se réalise pas, on oublie l'horoscope. Idem pour les rêves qualifiés de prémonitoires. Et bien pour le débat public/privé, c'est un peu pareil, en pire...

Si on voulait être un peu rigoureux, en effet, il faudrait envisager quatre possibilités :
* service public efficace
* service public innefficace
* service privé efficace
* service privé innefficace

Ensuite, il conviendrait de recenser dans l'ensemble des services rendus s'ils sont publics ou non, efficaces ou non. Je vous garantie que beaucoup auraient des surprises...

Bien sûr, personne ne fait cela : quand on observe un dysfonctionnement dans une entreprise privée, on ne l'attribue pas au fait qu'il s'agisse d'une entreprise privée, mais soit à la personne qui nous a servi, soit à l'entreprise --mais seulement à celle là -- à qui on a eu affaire. Quand on observe un dysfonctionnement lors d'une prestation de service public, on l'attribue à la nature publique de l'activité (ah, ces fonctionnaires!). Et quand le service public est rendu correctement, on ne révise pas sa théorie pour autant, on n'en tient simplement pas compte (on attribue par exemple la qualité du service rendu à la personne précise à qui on a eu affaire).
[On notera que c'est la même erreur d'attribution qui explique le racisme lanscinant de certains : un noir (remplacez au choix par maghrébin, gitan, etc...) qui vole, il vole parce qu'il est noir. Un blanc qui vole, il vole pour une autre raison...]

Preuve récente d'un tel raisonnement, le (jamais) surprenant Alain Lambert, qui invite "tous les gestionnaires à nous raconter sur [son] blog leurs histoires courtelinesques avec nos administrations." Avec une telle expérience, sûr qu'il va trouver 100% de dysfonctionnement dans l'administration publique, et qu'il va pouvoir continuer à se désespérer de la situation...
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B
<br /> je suis à donf!<br /> <br /> <br />
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V
Libéroïdal:  "Expliquez-moi donc comment vous conciliez ce constat avec cette affirmation" Cela se concilie très bien si on se dit que le but recherché dans ces métiers est la maximisation du profit et non la qualité du service. Et on entend par "qualité du service" les notions d'efficacité et d'universalité de l'accès au service. Par exemple, pour la SCNF il fallait que les trains soient ponctuels et desservent aussi des petites collectivités. Donc, dans les secteurs où l'on a jugé qu'il valait mieux avoir de la qualité que du profit, ou dans les secteurs où l'appât du gain (le marché) n'était pas opérationnel, l'Etat a joué son rôle.
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L
vulgos: que je sache, personne ne songe de nos jours à étatiser le secteur de la restauration, de la boulangerie, de la coiffure, des plombiers, de l'artisanat en général, de la médecine libérale, c'est à dire, au fond, l'ensemble des métiers de service.Expliquez-moi donc comment vous conciliez ce constat avec cette affirmation selon laquelle "Efficace pour quoi? Pour faire du profit, oui. Pour le service au client, le privé repassera."J'admets bien volontiers qu'il existe d'autres stratégies que le dépeçage du secteur public pour relancer une économie : mais à une et une seule condition : qu'il soit, pour commencer, possible de débattre sereinement, de tout, et y compris, par exemple, de la productivité dans l'enseignement.
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V
Kuk: "1. la concurrence, un mécanisme vertueux ? Encore faudrait-il qu'elle existe."Et qu'elle soit parfaite.Verel: "Et au final, entre le mouvement brownien de l'économie de marché qui parait stupide à la première personne un peu sensée qui l'observe et l'organisation pensée, réfléchie, sérieuse du public, c'est sur le long terme le premier qui se révèle plus efficace."Efficace pour quoi? Pour faire du profit, oui. Pour le service au client, le privé repassera. N'oublions pas que la critique que l'on faisait au service public il y a quelques décennies ne portait pas sur la qualité mais sur le coût excessif supporté par l'Etat.
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L
Laurent Guerby: En ce qui me concerne, je ne suis absolument pas opposé à ce que les conditions d'une concurrence loyale entre hopital public et médecine libérale soient mises en place, même si cela conduit à me contredire en montrant que l'hopital public se révèle plus performant que le privé. En pratique, les conditions de cette concurrence loyale impliqueraient la possibilité de souscrire à d'autres assurances maladies que la sécu, c'est à dire, de permettre à un tiers extérieur de tirer son propre intérêt de la minimisation du coût du maintien en bonne santé de l'assuré.
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