Le projet de l'UMP pour 2007
L'UMP avance dans la définition de son projet pour 2007. François Fillon reprend sur son blog la présentation faite à la presse. Il y a bien sûr beaucoup de choses à en dire. Je me concentre dans ce billet sur le 6ème engagement : la valorisation du travail.
L'objectif annoncé, d'abord :
Formulation intéressante : si on doit faire l'éloge du travail et du mérite pour atteindre le plein emploi, cela signifie, en creux, que le chômage s'explique pour l'essentiel par une déconsidération du travail et des personnes méritantes. Le problème du chômage est donc avant tout un problème de moralité, il faut mettre en place des systèmes d'incitation pour pallier cela. Certaines des propositions avancées sont d'ailleurs cohérentes avec ce diagnostic. Notamment :
ou encore :
Sûr que le problème du chômage, en France, s'explique par le fait que soit des fainéants préfèrent rester au lit plutôt que d'aller bosser, soit qu'ils refusent de se former pour trouver du travail (c'est d'ailleurs ce que me disais Fernand pas plus tard qu'hier soir au bistrot du coin en sirotant son (cinquième) Pastis)...
D'autres propositions reposent sur une analyse économique qui "oublie" de faire la différence entre économie marchande et économie capitaliste. Petite leçon d'économie :
Si un salarié, dans une entreprise, passe de la réalisation d'une activité x à la réalisation d'une activité y, ce n'est pas en raison du différentiel de rémunération entre les deux activités : c'est parce que son supérieur lui a ordonné. Ce n'est donc pas le prix qui régule les comportements, mais l'autorité (précisons que cette distinction entre régulation par les prix et régulation par l'autorité n'est pas l'apanage d'économistes marxistes ou assimilés : elle est au coeur par exemple de la théorie des coûts de transaction, à commencer par l'analyse de Coase (1937) sur la nature de la firme). Inutile de dire que lorsqu'il existe dans l'économie un déséquilibre entre offre et demande de travail, le côté court du marché se voit doter d'un pouvoir important. Or, il paraît qu'il existe, en France, un léger problème de chômage (une rumeur infondée, sans doute), si bien qu'on peut raisonnablement penser que les responsables d'entreprise, dotés de l'autorité, ont un très léger avantage dans leurs négociations avec les salariés, et ce d'autant plus quand les négociations ont lieu au sein de l'entreprise, voire de l'établissement.
Dès lors, il devient assez cocasse d'entendre des politiques dire qu'ils veulent redonner aux français "le choix de conduire leur destin". Comment? Très simple, il faut :
Bref, donner de la liberté aux acteurs qui interagissent, d'égal à égal, dans l'entreprise...
Alors bien sûr, me dira-t-on, le projet UMP développe d'autres propositions, qui vont dans d'autres directions. C'est vrai. C'est d'ailleurs la caractéristique essentielle, en ce moment, des propos des leaders de l'UMP : faire des propositions dans tous les sens, histoire de contenter tout le monde. Ce qui est d'ailleurs revendiqué par Sarkozy, si l'on en juge par l'analyse des Echos :
L'autre raison d'un tel ecclectisme est sans doute à chercher du côté de la méthode utilisée : "pas de longues réflexions sur les équilibres macroéconomiques", nous disent Les Echos, "l'UMP est partie des préoccupations des Français, d'où la place majeure qu'elle donne au pouvoir d'achat" . "Pas d'interdits idéologiques, le texte emprunte aux classiques libéraux tout en pillant allègrement dans le projet socialiste". Bref, un bel exercice de démocratie participative...
L'objectif annoncé, d'abord :
Notre objectif, c'est le plein emploi. C'est un espoir possible dès lors que s'impose l'éloge du travail et du mérite et que nous sommes décidés à agir fortement et différemment.
Formulation intéressante : si on doit faire l'éloge du travail et du mérite pour atteindre le plein emploi, cela signifie, en creux, que le chômage s'explique pour l'essentiel par une déconsidération du travail et des personnes méritantes. Le problème du chômage est donc avant tout un problème de moralité, il faut mettre en place des systèmes d'incitation pour pallier cela. Certaines des propositions avancées sont d'ailleurs cohérentes avec ce diagnostic. Notamment :
Pour marquer la différence entre les revenus du travail et ceux de l'assistance, les aides locales ( cantines, transport, logement...) seraient attribuées sous condition de ressources et non sous condition de statut car la famille qui se lève tôt le matin pour aller "bosser" ne doit pas avoir le sentiment d'être lésée par celle qui, cumulant les aides et allocations, n'en ressent plus la nécessité.
ou encore :
Pour assurer la sécurité et la motivation des demandeurs d'emploi, nous suggérons de fusionner l'ANPE et l'UNEDIC et nous proposons surtout "l'assurance salaire et retour à l'emploi" qui permettra au chômeur de conserver l'essentiel de sa rémunération sous la condition de respecter des exigences de formation et les offres d'emploi correspondantes.
Sûr que le problème du chômage, en France, s'explique par le fait que soit des fainéants préfèrent rester au lit plutôt que d'aller bosser, soit qu'ils refusent de se former pour trouver du travail (c'est d'ailleurs ce que me disais Fernand pas plus tard qu'hier soir au bistrot du coin en sirotant son (cinquième) Pastis)...
D'autres propositions reposent sur une analyse économique qui "oublie" de faire la différence entre économie marchande et économie capitaliste. Petite leçon d'économie :
Le fait que des sujets marchands se fassent concurrence ne suffit pas à caractériser le capitalisme. En effet, les entités de base en sont des entreprises, c'es-à-dire des entités qui mettent en oeuvre un rapport social bien différent, le rapport de production en vertu duquel les salariés se soumettent à l'autorité de l'entrepreneur et/ou des managers auxquels est délégué la gestion, moyennant paiement d'un salaire. Ce second rapport social ne se réduit pas à une pure relation marchande puisqu'il implique la soumission hiérarchique par opposition à l'horizontalité que l'on prête au fonctionnement d'un marché typique. (R. Boyer, 2004, Théorie de la régulation, Repères - La Découverte, p. 3).
Si un salarié, dans une entreprise, passe de la réalisation d'une activité x à la réalisation d'une activité y, ce n'est pas en raison du différentiel de rémunération entre les deux activités : c'est parce que son supérieur lui a ordonné. Ce n'est donc pas le prix qui régule les comportements, mais l'autorité (précisons que cette distinction entre régulation par les prix et régulation par l'autorité n'est pas l'apanage d'économistes marxistes ou assimilés : elle est au coeur par exemple de la théorie des coûts de transaction, à commencer par l'analyse de Coase (1937) sur la nature de la firme). Inutile de dire que lorsqu'il existe dans l'économie un déséquilibre entre offre et demande de travail, le côté court du marché se voit doter d'un pouvoir important. Or, il paraît qu'il existe, en France, un léger problème de chômage (une rumeur infondée, sans doute), si bien qu'on peut raisonnablement penser que les responsables d'entreprise, dotés de l'autorité, ont un très léger avantage dans leurs négociations avec les salariés, et ce d'autant plus quand les négociations ont lieu au sein de l'entreprise, voire de l'établissement.
Dès lors, il devient assez cocasse d'entendre des politiques dire qu'ils veulent redonner aux français "le choix de conduire leur destin". Comment? Très simple, il faut :
* offrir aux salariés du privé comme aux fonctionnaires le droit et le pouvoir de travailler plus pour gagner plus
* donner aux maires le droit d'autoriser l'ouverture des commerces le dimanche si les salariés sont volontaires
* développer la négociation à l'échelon des entreprises
* donner aux maires le droit d'autoriser l'ouverture des commerces le dimanche si les salariés sont volontaires
* développer la négociation à l'échelon des entreprises
Bref, donner de la liberté aux acteurs qui interagissent, d'égal à égal, dans l'entreprise...
Alors bien sûr, me dira-t-on, le projet UMP développe d'autres propositions, qui vont dans d'autres directions. C'est vrai. C'est d'ailleurs la caractéristique essentielle, en ce moment, des propos des leaders de l'UMP : faire des propositions dans tous les sens, histoire de contenter tout le monde. Ce qui est d'ailleurs revendiqué par Sarkozy, si l'on en juge par l'analyse des Echos :
L'autre risque est d'offrir l'image d'un grand texte ramasse tout, d'où il soit difficile de dégager un message clair et entraînant. Mais ce risque, Nicolas Sarkozy veut le prendre, persuadé que c'est à lui, plus tard dans la campagne, et avec son projet présidentiel, qu'il reviendra de dégager des lignes de force.
L'autre raison d'un tel ecclectisme est sans doute à chercher du côté de la méthode utilisée : "pas de longues réflexions sur les équilibres macroéconomiques", nous disent Les Echos, "l'UMP est partie des préoccupations des Français, d'où la place majeure qu'elle donne au pouvoir d'achat" . "Pas d'interdits idéologiques, le texte emprunte aux classiques libéraux tout en pillant allègrement dans le projet socialiste". Bref, un bel exercice de démocratie participative...