Présidentielles 2007 : que nous apprend l'électeur médian?
Pour comprendre une partie des discours des politiques, rien de mieux que le modèle de Hotelling, base de la théorie de l’électeur médian. Explications.

Considérons ensuite que deux candidats luttent pour accéder au pouvoir. Le gagnant est celui qui récolte le maximum de suffrages. Chacun des deux candidats va se situer quelque part sur l’échiquier politique. Sa localisation en 0 signifie qu’il développe un programme d’extrême gauche. Sa localisation en 2 un programme disons PS, en 6 un programme UMP, en 8 un programme FN, etc…
Imaginons que le premier candidat se localise en 2. Le citoyen localisé en 2 est très satisfait, le programme correspond exactement à ses préférences. Le citoyen localisé en 3 est un peu moins satisfait : voter pour le candidat localisé en 2 lui coûte un peu, mais s’il n’y a qu’un candidat, ma foi, il s’y résigne. Pour ceux localisés en 4, 5, 6, 7 et 8, le coût est encore plus important, il croît avec la distance entre le citoyen et la localisation du politique….
Première question : si deux candidats sont opposés, où ont-ils intérêt à se situer ?
Supposons que le premier est en 2. Le deuxième, pour accéder au pouvoir, a intérêt à se localiser en 3 : il gagne les suffrages des citoyens 3 à 8 (6 voix), l’autre candidat n’en récolte que 3 (0, 1 et 2). Voyant cela, le premier candidat a intérêt à se déplacer dans l’espace des programmes, pour se localiser en 4. Il gagne alors (5 voix contre 4). Le deuxième, à son tour, a intérêt à se déplacer en 4 : il ne gagne pas, mais il ne perd pas non plus, les deux candidats se répartissent à égalité le marché.
Seul problème, l’élection présidentielle, en France, est une élection à deux tours. Si bien que l’enjeu, au premier tour est avant tout... de passer au deuxième tour! Autrement dit, pour les candidats de gauche, de rassembler à gauche et pour les candidats de droite de rassembler à droite.
Tout l'enjeu, pour eux, est donc de rassembler leur camp sans effrayer l’électeur médian... équilibre instable s'il en est! Pour cela, si l'on suit Daniel Cohen (article payant), ils ont le choix entre deux formes de radicalisation :
* le radicalisme stratégique, qui consiste à faire surgir des thèmes de campagne qui rassemblent son propre camp et divisent le camp adverse.
* le radicalisme partisan, qui consiste en quelque sorte à ignorer le camp adverse, en comptant sur sa défaite en raison de l’usure du pouvoir.
Le radicalisme stratégique, c’est sans conteste ce que tentent Sarkozy et l'UMP avec l’insécurité, voire avec les 35 heures. Sans grand succès jusqu’à présent, me semble-t-il. A l'inverse, Ségolène Royal et le PS s'essayent au radicalisme partisan, Nicolas Sarkozy étant au pouvoir depuis quelques années… mais, pour l’instant, sans plus de succès!