La déstructuration de la recherche française
Je suis atterré par la lecture de cet article, où sont repris certains des propos de Jean-François Dhainaut, président de l'Agence d'évaluation de l'enseignement supérieur et de la recherche (Aeres). Notamment ce passage :
« Pour un certain nombre de régions hors des grandes métropoles, des collaborations serrées seront indispensables pour atteindre la masse critique qui leur permettra de travailler à armes égales », a prévenu Jean-François Dhainaut, situant un seuil minimum de 500 chercheurs classés A + en dessous duquel se situent nombre de régions.
Atterré qu'on nous ressorte cet argument de la taillle critique, qui n'a aucun fondement empirique, j'en ai parlé à plusieurs reprises (voir ici par exemple). Atterré que cet argument soit avancé par le président de l'Aeres, car compte tenu du rôle de plus en plus important de cette agence, il risque d'avoir de lourdes conséquences. Les acteurs, en effet, réagissent aux incitations. Dès lors que l'agence d'évaluation affirme que l'avenir passe par des organisations constituées à minima de 500 chercheurs classés A+, les acteurs vont s'organiser en conséquence. Je prédis que, dans la plupart des cas, les performances en termes de recherche ne vont pas s'améliorer, mais que les coûts d'organisation interne vont exploser (proposition qui sera difficile à valider ou à invalider, puisqu'on ne se pose même pas la question du coût des transformations en cours (coût de la mise en place des PRES par exemple), des gains liés à ces transformations, ni du bilan avantage/coût).
Le gouvernement défend cette ligne stratégique depuis plusieurs années. Les conclusions du rapport Juppé-Rocard semblent indiquer qu'elle fait consensus au sein des partis de gouvernement (UMP et PS), au moins chez leurs principaux leaders. Il serait bon que certains politiques se réveillent rapidement, par exemple ceux issus des régions disparues de cette carte...