Labex (suite) : petite réponse à la réponse de T. Coulhon
Thierry Coulhon, directeur au Commissariat Général à l’Investissement, en charge des dossiers Idex, Labex et Equipex, a été interviewé par Educpros suite à la publication des Labex. Petit extrait en lien avec la question de la masse critique :
Question : l’excellence est partout, indiquait Valérie Pécresse. La concentration des labels d’excellence sur un nombre de sites restreints ne contredit-elle pas cette assurance de la ministre ?
Réponse : la concentration est relativement importante, ce qui n’a rien de surprenant. A noter tout de même un grand nombre de projets en réseau. La variable "aménagement du territoire" ne fait en effet pas partie des critères de choix a priori : ce n’est pas le but de l’opération. La carte de l’excellence est ce qu’elle est, mais elle ne se réduit pas aux zones de concentration : il existe des sites à visibilité internationale mais aussi des pépites.
C’est comme si on dévoilait des résultats qui statistiquement, sont des évidences. Evidemment, l’Ile-de-France ou la région Rhône-Alpes sont très représentées, mais il y a aussi Amiens, Limoges, Clermont-Ferrand, Brest, Lille... L’objectif est de reconnaître la valeur là où elle se trouve, grâce justement à cette variété d’appels d’offres. Notre but n’est pas de changer le profil du pays, c’est de donner les moyens, à toutes les échelles, d’aller plus loin.
Thierry Coulhon confond (volontairement ou involontairement, je ne sais pas...) deux choses :
* que l’Ile de France concentre plus de Labex que les autres régions est tout sauf anormal : la région Capitale concentre une part importante des ressources scientifiques, de l’ordre de 40% des chercheurs publics en 2006 selon les données de l’OST,
* la question n’est donc pas de savoir s’il est normal que l’Ile de France concentre plus de Labex que les autres régions, mais s’il est normal qu’elle concentre un nombre de Labex plus que proportionnel à sa taille. Or, c’est ce que l’on observe : l’Ile de France concentre 55% des Labex pour environ 40% des chercheurs, soit un ratio de 1.25.
Cette sur-dotation est-elle « normale » ? Tout dépend en fait des hypothèses que l’on peut faire en matière de « performance » des régions. Si l’on considère que l’Ile de France est 1.25 fois plus performante que les autres régions, alors cette dotation est normale. Si elle est aussi performante que les autres, elle est moins normale, a fortiori si elle est inférieure à 1…
Comme expliqué dans notre texte, les études empiriques disponibles montrent plutôt l’existence d’une relation linéaire entre taille des villes ou des régions (mesurée par le nombre de chercheurs par exemple) et leur production scientifique (nombre de publications par exemple). Bref, des indices de performance autour de 1. S’agissant de la France, l’indice pour la région Capitale est un peu inférieur à 1, quelque soit les indicateurs que l’on mobilise.
Il ne s’agit bien sûr pas de dire que pour tout dispositif la dotation de chaque région doive être égale à son poids en termes de ressource, on peut tout à fait concevoir que pour un dispositif précis il soit bien supérieur ou bien inférieur, sur la base d’autres considérations. Mais en agrégeant l’ensemble des dispositifs, il serait bon que les dotations ne conduisent pas systématiquement à des sur-dotations des plus grosses régions.