Statistiques sur l'immigration
Les immigrés en France, c'est comme les délocalisations et les relocalisations, on en voit partout sauf dans les statistiques. Eurostat vient de publier un document sur le sujet.
Elles permettent d'abord de situer la France dans un ensemble large de pays (voir ce graphique), qui montre que la proportion d'immigrants en France en 2008 est faible, de l'ordre de 5,8 immigrants pour 1000 habitants, soit encore 0,58%, contre 0,8% en moyenne dans l'UE. Les pays en tête sont le Luxembourg (3,6%), Malte (2,2%) et Chypre (1,8%). La Finlande, l'Alllemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Belgique, le Danemark, la Suède, etc. ont des taux plus élevés que la France. Si lron raisonne non plus en flux mais en stock (voir cet autre graphique), idem, la France est en dessous de la moyenne de l'UE et derrière tous les pays que je viens de citer.
En cherchant des statistiques plus précises sur la France (ce qui n'est pas très simple sur le site Eurostat), on arrive aux résultats suivants :
* la France compte 0,58% d'immigrants (attention: il s'agit du rapport entre le flux d'immigrants 2008 et la population résidente 2008)
* sur cet ensemble, 35% sont des ressortissants de l'UE à 27 et 65% des ressortissants hors UE à 27 (la décomposition plus fine entre UE15 et UE27-UE15 n'est pas disponible pour la France)
* sur les ressortissants hors UE à 27, 26% viennent de pays à haut niveau de développement, 64% de pays à niveau de développement moyen, 10% de pays à bas niveau de développement (je n'ai pas trouvé la liste des pays de cette typologie).
Bref, l'immigration pèse peu, celle en provenance de pays pauvres encore moins. On pourra bien sûr objecter que l'immigration clandestine est mal recensée, mais c'est vrai pour tous les pays. Sans doute moins vrai pour la France que pour les autres pays, vu les moyens déployés par notre gouvernement. Externaliser la faute de nos problèmes sur l'étranger, qu'il s'agisse des délocalisations ou de l'immigration, est sans doute politiquement payant mais socio-économiquent désastreux. Il faut être naïf, Lionel Nicolas, pour croire que c'est la solution à nos problèmes.
Petite expérience personnelle pour finir sur le sujet. J'ai participé récemment au jury de thèse d'une doctorante originaire d'Afrique sub-saharienne. Elle a fait toutes ses études universitaires dans une Université française, en obtenant des résultats très satisfaisants (2ème de sa promo de licence par exemple). Celui qui est devenu son mari a également fait ses études en France et a obtenu un doctorat de sociologie. Pendant leurs études, ils ont été régulièrement emmerdés surveillés par les services de l'Etat, dont les comportements vis-à-vis des étrangers se sont sérieusement dégradés ces dernières années. Ils ont donc émigré au Canada, où lui vient d'obtenir un poste de Maître de Conférences, et où elle dispose déjà d'un emploi temporaire dans une Université, qui devrait se pérenniser rapidement. La France a donc investi une petite dizaine d'année dans la formation de personnes de qualité et en s'assurant dans le même temps d'avoir un retour sur investissement égal à zéro. Voire négatif, vu le ressentiment que ces personnes peuvent légitimement avoir vis-à-vis de l'Etat français.
Face à cette situation, deux solutions : arrêter totalement d'investir dans la formation de ces personnes, ce qui nous garantit des pertes, vu la position géopolitique de la France dans les pays francophones. Ou bien investir dans la formation de ces personnes et les accueillir un peu plus dignement. Ce qui assure un retour sur investissement largement positif. A quelques votes près.