Libération de la croissance

On nous dit également que les 43 membres de cette commission proviennent d’horizons divers : professeurs, anciens ministres, chefs d’entreprise, personnalités de la société civile, économistes, avocats, ingénieurs, parlementaires, consultants, journalistes, écrivains.
Ce qui me pose problème, c'est pourquoi a-t-on sollicité des économistes pour parler de croissance économique (en l'occurrence, ils seront deux sur quarante-trois: Aghion et de Boissieu; add 29/08 : on peut aller à 6 sur 43 selon la définition retenue, cf. les commentaires) ? Bien sûr, si vous avez une panne de voiture, vous irez sûrement voir un garagiste, mais s'agissant d'économie, pourquoi diable demander leur avis aux économistes?
Enfin, ce n'est pas moi qui le dis. C'est Jacques Attali, président de la commission pour la libération de la croissance, sur son blog. Petit extrait :
(...) Les économistes sont cantonnés dans des postes d’experts, dans les banques ou les administrations. Les meilleurs d’entre eux partent par wagons entiers enseigner dans les universités américaines ; quatre d’entre eux sont aujourd'hui considérés comme dignes du prix Nobel, cette récompense magnifique qui distingue chaque année des travaux qui seront sans doute considérés dans cinquante ans comme aussi ridicules que le sont aujourd’hui les œuvres des écrivains récompensés de ce même prix il y a un demi siècle. Parce que cette science n’excelle que dans l’art de se vendre : comme le disait un des plus lucides de ses maitres, John Kenneth Galbraith "Un économiste, c'est quelqu'un qui ne sait pas de quoi il parle, et qui vous fait sentir que c'est de votre faute" (c'est moi qui souligne).
Pour les prix Nobel dont les travaux sont considérés comme ridicules, quelques noms au hasard : Solow, Simon, Hayek, Coase, Modigliani, North, Sen, Akerlof, Stiglitz, ... Vous avez la liste complète ici. Un peu plus haut, autre formule intéressante reprise par Attali, de Kenneth Boulding cette fois : "Un économiste est un expert qui saura parfaitement vous expliquer demain pourquoi ce qu'il a prévu hier ne s'est pas passé aujourd'hui".
Il est effectivement plus sage de demander aux internautes de s'exprimer. J'attends de voir, pour commencer, le débat sur "qui retient prisonnier notre croissance". A mon avis, aux premières places, on devrait trouver les chinois, les fonds de pension, Jean-Claude Trichet et les impôts. Ce serait pas mal de lancer un sondage, et de décider que le geôlier à abattre, ce sera celui qui a recueilli le plus de suffrages.
Bon, je dis ça, mais, forcément, je me plante : je suis économiste. Je vais aller vidanger ma voiture, tiens...