Discrimination à l'embauche
Billet très intéressant d’Eric Maurin qui commente les résultats d’une étude mars 2007 du BIT sur la discrimination en France. Il en tire comme conclusions que :
1. la discrimination est massive
2. l'étude montre qu'elle ne se limite pas aux emplois qualifiés, loin de là
3. elle s’exerce dès le premier contact (téléphonique ou via CV)
4. elle est aussi forte dans les zones avec/sans chômage
5. elle semble un peu plus forte, mais à peine, dans les secteurs avec exposition à la clientèle
6. elle touche plus les hommes que les femmes
L’étude complète est ici. Ci-dessous un extrait de la présentation de l'étude:
En France, le BIT a testé ainsi 2 440 offres d'emploi. Sur chaque site, 350 candidats testeurs (des comédiens formés à l'exercice) ont répondu à des offres d'emploi de basses et moyennes-basses qualifications, dans les secteurs du commerce et de la vente, des hôtels-restaurants, du transport ou du BTP, pour les hommes; du commerce et de la vente, de la santé, des services à la personne, des hôtels- restaurants, de l'accueil et du secrétariat pour les femmes.
Tous Français, les candidats au parcours rigoureusement équivalent se distinguant uniquement par le nom (évoquant soit une "origine hexagonale ancienne": Marion ROCHE, Jérôme ou Emilie MOULIN, soit une "origine maghrébine ou noire africaine": Kader ou Farida LARBI, Kofi ou Binta TRAORÉ) ont engagé la même procédure de candidature pour le même emploi.
Dans ses conclusions, le rapport souligne que près des neuf dixièmes de la discrimination est enregistrée avant même que les employeurs ne se soient donné la peine de recevoir les deux testeurs en entrevue.
Collectivement, les employeurs testés ont très nettement discriminé les candidats minoritaires. Il apparaît que seulement 11 pour cent des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux candidat(e)s, en leur proposant un essai ou une embauche, ou en les refusant tou(te)s les deux après les avoir rencontré(e)s. En revanche, 70 pour cent des employeurs ont choisi de favoriser le/la candidat(e) majoritaire, contre 19 pour cent qui ont favorisé le/la candidat(e) minoritaire.