Ségrégation spatiale et chômage

Publié le par Olivier Bouba-Olga

J'avais évoqué il y a quelques temps le modèle de Schelling de ségrégation spatiale : les choix de localisation d'individus globalement tolérants, ajoutés aux politiques d'éducation, de logement, de développement économique qui procèdent le plus souvent par zonage, conduisent à des phénomènes marqués de ségrégation spatiale au sein des grandes agglomérations.

Un document de travail du CPER de Gobillon, Magnac et Sélod (2007) (une version est disponible ici), montre le rôle de ces phénomènes de ségrégation spatiale sur la durée du chômage :
1. on observe des disparités spatiales très fortes en termes de durée du chômage au niveau des 1300 communes de l'Ile de France,
2. les auteurs considèrent que la durée du chômage peut dépendre de deux ensembles d'éléments : les caractéristiques des individus, d'une part, les caractéristiques de leur commune d'appartenance, d'autre part,
3. l'étude empirique, qui s'appuie sur des données 1996-2003, montre que 30% des disparités spatiales s'expliquent par des variables individuelles, les 70% restants étant capturés par des indices locaux, essentiellement des indicateurs de ségrégation résidentielle.

L'espace est l'un des grands absents des débats sur le chômage, alors même qu'il pèse fortement sur son niveau et sa durée : i) certains individus sont clairement pénalisés par leur localisation; ii) ils souffrent également --notamment les personnes peu qualifiées-- d'une faible mobilité spatiale. Une politique macro-économique de lutte contre le chômage sera donc toujours insuffisante : il convient d'imaginer des politiques complémentaires, à une échelle plus fine, permettant de lutter contre ces problèmes fortement territorialisés.

Publié dans Emploi

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C
"il convient d'imaginer des politiques complémentaires, à une échelle plus fine, permettant de lutter contre ces problèmes fortement territorialisés."La solution est simple si le problème n'est que là: condensation des espaces urbains au maximum, développement maximum des réseaux de transports en commun sur ces territoiresLe problème de ces "pauvres peu mobiles" est celui de la suburbanisation, choix (majoritairement inconscient) d'aménagement du territoire parfait pour une société basée sur l'automobile démocratisée, permettant aux entreprises de s'implanter où elles le souhaitent et non plus seulement comme c'était le cas avant l'ère de l'automobile le long des axes de transport en commun ou à proximité du logement des ouvriers.A ce sujet, voir les théories sur la ville compacte que Francis Beaucire  maîtrise je pense mieux que moi (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3328,36-725366@51-721464,0.html)Je ne sais pas ce qu'il en est du chômage dans des "villes" type Tokyo, exemple de la ville compacte et au réseau de transport en commun ultra-dense.En comparant Tokyo ou les Pays-Bas à Los Angeles, ville de l'étalement, et donc selon moi de la ségrégation, par excellence, j'en viens à me demander si les choix différents de villes n'ont pas un rapport avec le potentiel d'explosivité sociale des villes à l'heure de la mobilité...L'autre solution, sur le court terme, mise en place aux USA, c'est les navettes. On envoie les individus de tel région en manque d'emploi travailler dans telles autres régions en manque d'employés. Le coût en temps et en énergie ne me permet pasde concevoir cela comme une solution acceptable sur le long terme.
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U
Je suis tout a fait d accord avec cet analyse. En Allemagne l espace me semble mieux amenagé qu en France.
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L
toujours cette satané barrière linguistique ....me rappelle un truc entr'apperçu il y a déjà longtemps,  sur l'influence de l'urbanisation, principalement des ruptures géographiques de circulation au sein de la "présumée ville" ( entité urbaine qui est tout sauf une entité ) dans la création du "ghetto intérieur" ... du ghetto intégré par ses habitants ...mais mon anglais est trop faible pour ...
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