Michelin ferme le site de Toul
Michelin est en train de bouger d’un point de vue organisationnel et spatial, mais pour l’essentiel, tout ce que l’on en retient dans les médias (tout ce que j’ai entendu hier à la radio/TV en tout cas) c’est l’annonce de la fermeture de l’usine de Toul pour 2009, qui emploie actuellement 826 personnes, et l’arrêt de la production de pneumatiques pour automobiles sur le site de Lasarte, en Espagne, qui emploie environ 500 personnes.
En s’appuyant sur cet article du Monde, on voit pourtant que ces « évènements » s’inscrivent dans une stratégie plus large : Michelin souhaite en effet s’engager en Asie et dans les PECO pour se rapprocher des marchés où la demande croît fortement. Le groupe ne désinvestit pas pour autant à l’Ouest de l’Europe, mais cherche à monter en gamme (spécialisation du site espagnol sur les motos haut de gamme) et à gagner en productivité (2 milliards d’euros d’investissement en Europe de l’Ouest, dont 1,15 milliards en France). Bref, on approfondit la division du travail à l’échelle du continent européen. Et si le site de Toul est condamné, le solde en termes d’emplois en France et en Espagne n’est pas nécessairement négatif, puisque le groupe prévoit d'embaucher entre 2007 et 2011 plus de quatre mille personnes en France, et plus de six cents personnes en Espagne.
Certes, me dira-t-on, mais quid des salariés de Toul ? Là encore, les annonces du groupe, si elles se vérifient, montrent que l’accompagnement des salariés et du territoire est plutôt bien pensé :
Michelin assure que deux postes seront proposés à chacun des salariés licenciés dans l'une de ses seize usines en France. Pour ceux qui souhaitent rester en Lorraine, un dispositif d'aide à la recherche d'emploi sera mis en place. Enfin, la Société d'industrialisation et de développement, filiale de Michelin, s'emploiera à créer autant d'emplois dans le bassin de Toul que ceux qu'il y avait sur le site (source : article du Monde).
Bien sûr, toutes les entreprises ne peuvent pas faire cela. C’est pour cette raison qu’il faut inventer des dispositifs innovants sur les territoires pour accompagner les mutations, particulièrement dans les régions, comme Poitou-Charentes, où le tissu est essentiellement composé de PME. Lors du séminaire de mardi dernier, plusieurs expériences intéressantes, notamment en Pays de Loire, ont été abordées, j’en reparle à l’occasion. Elles montrent la nécessité de dépassionner le débat sur les délocalisations, pour se focaliser sur les modalités d'un accompagnement pertinent de la réorganisation industrielle et spatiale de l'activité économique, accompagnement des entreprises et accompagnement des salariés.