Michelin ferme le site de Toul

Publié le par Olivier Bouba-Olga

Michelin est en train de bouger d’un point de vue organisationnel et spatial, mais pour l’essentiel, tout ce que l’on en retient dans les médias (tout ce que j’ai entendu hier à la radio/TV en tout cas) c’est l’annonce de la fermeture de l’usine de Toul pour 2009, qui emploie actuellement 826 personnes, et l’arrêt de la production de pneumatiques pour automobiles sur le site de Lasarte, en Espagne, qui emploie environ 500 personnes.

 
En s’appuyant sur cet article du Monde, on voit pourtant que ces « évènements » s’inscrivent dans une stratégie plus large : Michelin souhaite en effet s’engager en Asie et dans les PECO pour se rapprocher des marchés où la demande croît fortement. Le groupe ne désinvestit pas pour autant à l’Ouest de l’Europe, mais cherche à monter en gamme (spécialisation du site espagnol sur les motos haut de gamme) et à gagner en productivité (2 milliards d’euros d’investissement en Europe de l’Ouest, dont 1,15 milliards en France). Bref, on approfondit la division du travail à l’échelle du continent européen. Et si le site de Toul est condamné, le solde en termes d’emplois en France et en Espagne n’est pas nécessairement négatif, puisque le groupe prévoit d'embaucher entre 2007 et 2011 plus de quatre mille personnes en France, et plus de six cents personnes en Espagne.
 
 
Certes, me dira-t-on, mais quid des salariés de Toul ? Là encore, les annonces du groupe, si elles se vérifient, montrent que l’accompagnement des salariés et du territoire est plutôt bien pensé :
 
Michelin assure que deux postes seront proposés à chacun des salariés licenciés dans l'une de ses seize usines en France. Pour ceux qui souhaitent rester en Lorraine, un dispositif d'aide à la recherche d'emploi sera mis en place. Enfin, la Société d'industrialisation et de développement, filiale de Michelin, s'emploiera à créer autant d'emplois dans le bassin de Toul que ceux qu'il y avait sur le site (source : article du Monde).
 
Bien sûr, toutes les entreprises ne peuvent pas faire cela. C’est pour cette raison qu’il faut inventer des dispositifs innovants sur les territoires pour accompagner les mutations, particulièrement dans les régions, comme Poitou-Charentes, où le tissu est essentiellement composé de PME. Lors du séminaire de mardi dernier, plusieurs expériences intéressantes, notamment en Pays de Loire, ont été abordées, j’en reparle à l’occasion. Elles montrent la nécessité de dépassionner le débat sur les délocalisations, pour se focaliser sur les modalités d'un accompagnement pertinent de la réorganisation industrielle et spatiale de l'activité économique, accompagnement des entreprises et accompagnement des salariés.


Et toutes celles qui le peuvent ne le font pas…

Publié dans Emploi

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P
le solde en termes d’emplois en France et en Espagne n’est pas nécessairement négatif, puisque le groupe prévoit d'embaucher entre 2007 et 2011 plus de quatre mille personnes en France==> une embauche n'est pas nécessairement une création  d'emploi==> combien de départ en retraite d'ici 2011==> d'autres emplois délocalisés ne sont pas nécessairement à exclure d'ici 2011==> pas nécessairement négatif :pt'ête bien qu'oui, pt'ête bien qu'non
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C
M. Rollier a assuré offrir «un réel plan d'accompagnement», rappelant que le groupe proposait deux emplois dans l'une des 16 usines en France à chaque salarié et une aide personnalisée «à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas déménager», «jusqu'à ce qu'ils retrouvent un emploi
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O
Encore une fois, il existe un remède aux délocalisations (mon fils à délocalisé son entreprise en Espagne): cela s'appelle incitation fiscale !Mais les choses les plus simples sonr décidément innacessible aux cerveaux de nos intellectualistes Français.Bizarre, le reste du Monde a compris: il ne reste plus que vous !
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J
Il en sera ainsi aussi longtemps que, sachant qu'une entreprise (plus spécialement un des établissements de l'entreprise) est condamnée à terme, on n'aura pas le courage d'anticiper la fermeture inéluctable et le remplacement de l'établissement disparu ou à disparaitre par une nouvelle activité conforme à la demande et aux contraintes du marché. Le système de financement de la protection contre le chômage que je propose doit y contribuer.Cela consiste à assujettir l'entreprise à une taxe forfaire pour chaque contrat de travail rompu, quelle que soit la durée du contrat. Les sommes ainsi collectées pourraient être réaffectées à la restructurationéconomique du territoire.
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I
En théorie, Michelin n'est pas par vocation divine l'employeur consacré et saint-patron de la région. Mais évidemment, si on ne lui laisse pas d'autre choix que celui d'exercer le rôle de pourcvoyeur unique du bonheur universel pour les populations locales, il lui sera difficile de résister à la tentation de se servir.L'émigration est, aussi, une solution : sinon, quel intérêt y aurait-il eu à contruire ce marché dans lequel circulent librement les services, les marchandises et la main d'oeuvre qu'est la France ? Après tout, avez-vous la moindre idée du nombre de languedociens, de bretons et provençaux qui quittèrent leurs terres chassés par la misère pour "aller de leur plein gré vider des poublesse à Paris"(c)
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