Les tribulations de Schneider Electric en Chine

Publié le par Olivier Bouba-Olga

schneider.gifDans le cadre du cours « Stratégies de localisation » de 3ème année de la Licence d’Economie Appliquée, j’ai expliqué hier matin aux étudiants que les choix de localisation des firmes ne dépendent pas uniquement des différentiels de coût du travail, mais aussi des différentiels de productivité, ainsi que des coûts de la coordination à distance. Par exemple, une entreprise française délocalisant en Chine gagne à l’évidence en termes de coût du travail, mais elle perd en productivité (perte inférieure au gain lié au différentiel de salaire dans le cas général), et elle doit assumer également des coûts de coordination à distance (coût et délais de transport, problème de qualité des produits, de fiabilité des prestataires, d’assurance, etc.). Les entreprises doivent donc raisonner en coût complet, ce qui les conduira, dans certains cas, à délocaliser et, dans d’autres cas, à ne pas délocaliser.

Exemple d’actualité dans cette perspective, les tribulations de Schneider Electric en Chine. Les Echos nous apprennent en effet que la firme française a perdu un procès en contrefaçon contre l'un de ses principaux concurrents chinois, le groupe Chint, et qu’elle doit en conséquence verser dans les dix jours la somme de 335 millions de yuans, soit plus de 31 millions d'euros. La lecture de l’article laisse penser que la décision de la justice chinoise n’est pas des plus impartiales
(le PD-G de Chint, Nan Cunhui, est un proche du pouvoir et membre du parlement chinois) mais à la limite, peu importe : la multiplication probable de ce type d’affaires [1] , synonyme d’accroissement de l’insécurité juridique et donc d’accroissement des coûts, pourrait modifier les choix de localisation de certaines entreprises. Je dis bien « pourrait », le bilan avantage-coût pouvant rester positif dans tout un ensemble de cas, eu égard au potentiel de croissance de la Chine (ce qui n'est pas sans lien avec un billet précédent).

 

[1] Cette décision « va faire froid dans le dos de nombre de groupes étrangers empêtrés dans de complexes procédures judiciaires avec leurs partenaires ou concurrents chinois » nous dit-on.

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M
Bonjour,Comme quoi le rapport Doing Business n'est pas si idiot : il mesure la faciliter d'entreprendre dans chaque pays. Si les procès sont partiaux, nul doute que ça rapporte peu de point à la Chine dans ce classement.Ok, il y a bien d'autres remarques à faire sur le point non relevant de Doing Business... mais c'était juste une remarque
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O
Il y a bien sûr intérêt à étudier le système institutionnel des pays. La façon dont la BM l'étudie est "légèrement" contestable.
M
Dans le cas présent, nous ne sommes pas dans une situation de délocalisation mais dans le cas classique de ventes à l'exportation matérialisées par l'implantation en Chine de SCHNEIDER pour le marché chinois en priorité. Il n'y a pas de rapatriement des produits en France. Par contre, on peut constater les difficultés à s'implanter en Chine et il est plus facile d'acheter ou de sous traiter . Il se peut que je me trompe mais je pense qu'il y a peu d'implantations françaises en Chine pour le marché chinois  sauf pour les très grosses entreprises. Les délocalisations françaises se font plus dans la zone PECO ou le Maghreb, les produits venant de Chine répondant eux, aux importations classiques
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O
Effectivement, il n'y a pas à proprement parler délocalisation, que je définirais personnellement comme le désinvestissement dans un pays suvi d'un réinvestissement dans un autre pays (on ne sait pas s'il y a eu désinvestissement initial en France, a priori je dirais non). Il s'agit d'un IDE avec pour objectif principal, je pense, l'accès au marché chinois (IDE Market seeking). L'étude Banque de France de 2004 de Drumetz sur les IDE français en Chine évalue à 50% la part des IDE  "accès à la demande" et 50% la part des IDE "réduction des coûts".
J
comme dans le cas de Matel et de google et d'autres sans doute, cela va se régler "politiquement" car le marché chinois vaut bien 31 Meuros!voici la version chinoise de l'affaire d'après le china daily (journal chinois officiel destiné aux étrangers)Firm wins IPR lawsuit against Schneider(Xinhua)Updated: 2007-09-29 22:06WENZHOU, Zhejiang -- A Chinese low-voltage product company won a patent infringement lawsuit against French Schneider Electric and its Chinese sales agent on Saturday, which involves 330 million yuan in compensation.A court in east China's Zhejiang Province ordered that Schneider, a major electric equipment maker, and its authorized distributor Leqing Branch of Star Electric Equipment Co. Ltd. in Zhejiang, stop selling five models of products that are based on the technology owned by Chint Group, China's leading manufacturer of low-voltage electric apparatus.In addition, Schneider should pay 334.8 million yuan (US$43 milion) in ten days to compensate China's economic losses due to the unauthorized production and sales of the apparatus, according to the verdict handed down by Wenzhou Intermediate People's court on Saturday afternoon.Court investigations show that Schneider earned 883.6 million yuan (US$117 million) by selling the five models of apparatus, which fell in the protected scope of Chint's patent right, from August 2004 to July 2006 and made a profit of 334.8 million yuan.Before the court ruling, the State Intellectual Property Office had refuted Schneider's application of invalidating the disputed technology, which is "a crucial step for Chint that confirms the legal foundation of the case," said Xu Zhiwu, Chint's legal representative.The amount of compensation is believed to be the highest in China concerning intellectual property disputes.Schneider Electric had no immediate comment.
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O
merci pour ce complément!