idée reçue #4 : L'enseignement de l'économie
Pierre Bilger vient de mettre en ligne sur son blog une interview titrée "comprendre l'entreprise".
Première question posée : "comment l'entreprise peut-elle être aussi mal comprise en France?"
Réponse : i) racines catholiques du pays, ii) le marxisme imprègne nos élites, iii) plus de la moitié des concitoyens vivent en dehors de la réalité du marché (fonction publique, service public)
Deuxième question : "comment sortir de cette situation?"
Réponse : par l'éducation. Et là, l'extrait qui fait mal : "Depuis une quarantaine d’années, l’économie a été introduite dans les programmes des lycées, mais cet enseignement est fondé sur des abstractions, de nombreuses illusions et beaucoup de contrevérités. Au lieu d’analyser les réalités concrètes de la vie économique, on apprend dès la classe de seconde à réfléchir sur des concepts abstraits tels que la mondialisation, les délocalisations, les inégalités, l’aide au développement, la comptabilité nationale etc. " Suivent quelques préconisations, puis une affirmation définitive : "Cela pose un problème ardu de révision de programmes aujourd’hui encore strictement contrôlés par l’idéologie et un problème encore plus difficile de formation des enseignants. Tant que l’on n’aura pas fait quelque chose de sérieux à ce niveau, la France continuera à rêver d’une économie qui n’existe pas."
Bon, moi, bêtement, je me suis dis : autant aller voir le programme officiel de la classe de seconde, histoire de vérifier qu'on ne parle que de choses abstraites, propices à balancer des illusions et des contrevérités. Voilà ce qu'on y trouve (source ici):
Pour le point 4, où il semble que les entreprises sont abordées, on précise de manière plus détaillée (même source) :
Franchement, j'ai du mal à retrouver les items mentionnés par Pierre Bilger... et beaucoup d'éléments qu'il devrait trouver, s'il prenait la peine de regarder ce qui est effecitvement au programme, plutôt pertinents. En tout cas, je ne vois pas où est "l'économie qui n'existe pas" !
J'ai du mal à croire que le problème résulte du contrôle idéologique d'intellectuels marxistes de la fonction publique... Pour le dire autrement, si Pierre Bilger déplore la méconnaissance des enseignants sur l'entreprise, je déplorerai, et là preuve à l'appui, désolé, sa méconnaissance de ce qui est enseigné aux élèves. Sans doute, quelque part, un problème de contrôle idéologique de dirigeants libéraux du privé, pour faire dans le même genre de formule à l'emporte pièce, vecteur de diffusion des idées reçues...
Première question posée : "comment l'entreprise peut-elle être aussi mal comprise en France?"
Réponse : i) racines catholiques du pays, ii) le marxisme imprègne nos élites, iii) plus de la moitié des concitoyens vivent en dehors de la réalité du marché (fonction publique, service public)
Deuxième question : "comment sortir de cette situation?"
Réponse : par l'éducation. Et là, l'extrait qui fait mal : "Depuis une quarantaine d’années, l’économie a été introduite dans les programmes des lycées, mais cet enseignement est fondé sur des abstractions, de nombreuses illusions et beaucoup de contrevérités. Au lieu d’analyser les réalités concrètes de la vie économique, on apprend dès la classe de seconde à réfléchir sur des concepts abstraits tels que la mondialisation, les délocalisations, les inégalités, l’aide au développement, la comptabilité nationale etc. " Suivent quelques préconisations, puis une affirmation définitive : "Cela pose un problème ardu de révision de programmes aujourd’hui encore strictement contrôlés par l’idéologie et un problème encore plus difficile de formation des enseignants. Tant que l’on n’aura pas fait quelque chose de sérieux à ce niveau, la France continuera à rêver d’une économie qui n’existe pas."
Bon, moi, bêtement, je me suis dis : autant aller voir le programme officiel de la classe de seconde, histoire de vérifier qu'on ne parle que de choses abstraites, propices à balancer des illusions et des contrevérités. Voilà ce qu'on y trouve (source ici):
PROGRAMME | NOTIONS QUE LES ÉLEVES DOIVENT CONNAITRE, SAVOIR UTILISER ET PRÉCISER |
---|---|
1 - Introduction La démarche des sciences économiques et sociales | |
2 - La famille : une institution en évolution | - Diversité des formes familiales - Relations de parenté - Ménage |
3 - L'emploi : une question de société | |
3.1 La population active | - Actifs / inactifs - Emploi salarié / non salarié, contrat à durée indéterminée / emplois précaires - Chômage |
3.2 La classification socioprofessionnelle | - Catégories socioprofessionnelles |
4 - La production : un espace de relations économiques et sociales | |
4.1 La diversité des organisations et leurs objectifs | - Entreprise - Administration - Association |
4.2 La production dans l'entreprise | - Facteurs de production (capital et travail) - Productivité du travail - Investissement - Valeur ajoutée |
4.3 L'organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production | - Organisation du travail - Contrat de travail - Représentation des salariés |
5 - La consommation : une activité économique, sociale et culturelle | |
5.1 Les ressources : revenus et crédit | - Revenus primaires - Revenus de transfert - Revenu disponible - Salaire |
5.2 Consommation et mode de vie | - Biens privés / Biens collectifs - Pouvoir d'achat - Niveau de vie - Effet de signe |
Pour le point 4, où il semble que les entreprises sont abordées, on précise de manière plus détaillée (même source) :
4 - La production : un espace de relations économiques et sociales (durée indicative : 9 à 10 semaines) La production sera étudiée comme espace de relations économiques, à la fois créatrices de richesses et de rapports sociaux. 4.1 La diversité des organisations et de leurs objectifs Il s'agira de définir la production en tant qu'activité socialement organisée et de distinguer production et non-production (par exemple la production domestique n'est pas reconnue par la comptabilité nationale). À cette occasion, le lien pourra être fait avec la distinction actif / inactif. On montrera à partir d'exemples que, si le profit est l'objectif essentiel de l'activité des entreprises, administrations et associations ne fonctionnent pas selon la même logique. On mentionnera l'existence d'entreprises de tailles diverses, d'entreprises individuelles et de sociétés. Dans le cadre des travaux pratiques, on pourra demander aux élèves de mener des observations d'organisations (recueil de données, analyse, etc.) pouvant aboutir à des dossiers, exposés, etc. réalisés en groupe. Ces travaux pourront prendre la forme d'enquêtes, de recherches sur l'Internet (sites d'entreprises), sur cédéroms ou à partir de mallettes pédagogiques. 4.2 La production dans l'entreprise À partir d'exemples, on montrera la complémentarité et / ou la substituabilité des facteurs de production. On mettra en relation les notions de combinaison productive, de productivité et d'investissement. On pourra analyser les effets de l'investissement sur l'emploi. Il s'agira d'un premier exemple de construction d'un raisonnement économique. La valeur ajoutée sera présentée en tant que constituant une ressource dont l'étude se poursuivra avec la consommation. On évitera tout développement sur la comptabilité nationale, mais on pourra attirer l'attention des élèves sur les questions que pose le partage de la valeur ajoutée. 4.3 L'organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production On présentera les principales organisations du travail (taylorisme, post-taylorisme). On reliera ces modes d'organisation aux relations de travail (conditions de travail, conflits, négociations, syndicats). Des cas relevés dans la presse, dans des réalisations cinématographiques ou audiovisuelles (documentaires ou fiction) pourront être travaillés dans le cadre des travaux pratiques. |
Franchement, j'ai du mal à retrouver les items mentionnés par Pierre Bilger... et beaucoup d'éléments qu'il devrait trouver, s'il prenait la peine de regarder ce qui est effecitvement au programme, plutôt pertinents. En tout cas, je ne vois pas où est "l'économie qui n'existe pas" !
J'ai du mal à croire que le problème résulte du contrôle idéologique d'intellectuels marxistes de la fonction publique... Pour le dire autrement, si Pierre Bilger déplore la méconnaissance des enseignants sur l'entreprise, je déplorerai, et là preuve à l'appui, désolé, sa méconnaissance de ce qui est enseigné aux élèves. Sans doute, quelque part, un problème de contrôle idéologique de dirigeants libéraux du privé, pour faire dans le même genre de formule à l'emporte pièce, vecteur de diffusion des idées reçues...