Evolution des effectifs de l’Université de Poitiers

Publié le par Olivier Bouba-Olga

J’avais montré dans ce billet que la baisse des effectifs étudiants dans l’Académie de Poitiers était la plus forte de l’ensemble des Académies, avec un recul de -2,9% contre -1,2% en moyenne France entière. L’essentiel de la baisse est concentré dans les Universités hors IUT (-4,6% dans l’Académie, contre -3,1% France entière). Avec une question en suspens : cette baisse peut-elle s’expliquer par une diminution plus forte qu’ailleurs du nombre de bacheliers ? Voici quelques éléments complémentaires sur l’Université de Poitiers (l’Académie de Poitiers compte deux Universités, Poitiers et La Rochelle).

L’évolution des effectifs de l’Université de Poitiers.

Le Service des Etudes, de l'Evaluation et de la Prospective de l’Université de Poitiers m’a fait passer les chiffres de l’Université de Poitiers, total et hors IUT (merci à Nelly Mignon pour ces chiffres !). Voici l’évolution depuis 1997.

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Chute importante de 1996 à 2002, remontée de 2002 à 2006, nouvelle chute depuis, notamment la dernière année, comme constaté plus haut. Sur cette dernière année, la baisse est de -3,8% pour l’ensemble de l’Université, qui se décompose en -4,5% pour l’Université hors IUT et +1,8% pour les IUT.

L’évolution du nombre de nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers

Je dispose également des effectifs des nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers, mais seulement depuis 2000. Ces bacheliers peuvent bien sûr provenir d’autres Académies, mais on estime que 85% viennent de l’Académie de Poitiers.

Sur la base de l’ensemble des chiffres, j’ai calculé l’évolution des effectifs totaux de l’Université (avec et sans les IUT) et celle des nouveaux bacheliers inscrits, en prenant les effectifs 2000 comme base 100.

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On observe une chute marquée des nouveaux inscrits à la rentrée 2001 d’abord, puis de 2006 à 2008. La rentrée 2007 est particulièrement calamiteuse, avec une chute d’environ 13 points de l’indice pour l’Université hors IUT. Lors de cette rentrée 2007, la baisse absolue des effectifs de l’Université de Poitiers hors IUT est de 999, dont une baisse de 376 de nouveaux bacheliers inscrits, soit 38%. Baisse qui se poursuit en 2008-2009, avec encore 142 personnes en moins.

L’évolution du nombre de bacheliers dans l’Académie

Comme expliqué précédemment, ces évolutions peuvent s’expliquer en partie par une évolution défavorable du nombre de bacheliers dans l’Académie. Le service statistique académique du Rectorat de Poitiers m’a fait passé les chiffres depuis 1997 pour l’ensemble des Académies, avec une décomposition, pour l’Académie de Poitiers, par département (merci cette fois à Joel Migault pour m’avoir mis en relation et à Marie-Jo Kolpak pour les statistiques !).

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L’évolution dans l’Académie de Poitiers est plus favorable que celle observée France entière de 1997 à 2000, depuis 2001, c’est l’inverse, évolution relative défavorable. On observe de plus une chute plus marquée de l’indice en 2006-2007, c’est-à-dire l’année du bac de ceux qui vont entrer en 2007-2008 à l’Université, avec 343 bacheliers de moins que l’année précédente, alors que le nombre de bacheliers France entière est plutôt stable (256 bacheliers de plus cette année là). On peut donc considérer qu’une partie de la chute observée au niveau de l’Université s’explique par une évolution défavorable du nombre de bacheliers dans l’Académie de Poitiers.

Evolution par département

L’académie de Poitiers comprend quatre départements (Vienne (86), Deux-Sèvres (79), Charente (16) et Charente Maritime (17)). Le premier dispose d’une Université (Poitiers) d’environ 24 000 étudiants, tout comme le dernier, avec l’Université de La Rochelle, de création beaucoup plus récente, qui regroupe environ 4 000 étudiants.

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L’évolution du nombre de bacheliers en Charente Maritime est nettement plus favorable que celle observée dans l’ensemble de l’Académie. Dans la Vienne, l’évolution est proche de ma moyenne académique jusqu’en 2005, et plus défavorable ensuite. En 2006-2007, le nombre de bacheliers augmente très légèrement en Charente et Deux-Sèvres, il chute assez fortement en Charente Maritime (-179), encore plus en Vienne (-186). Evolution qui renforce encore l’idée qu’une partie de la chute de l’Université de Poitiers, dont le bassin de recrutement premier est le département de la Vienne, s’explique par la baisse du nombre de bacheliers, même si l’on peut penser que cette baisse n’épuise pas le problème.

Pour finir, j’ai estimé la corrélation entre les nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers et le nombre de bacheliers, dans l’Académie d’une part, dans la Vienne d’autre part. Les résultats sont à prendre avec beaucoup de précaution, puisque je ne dispose à chaque fois que de 9 points (pour les rentrées universitaires de 2000 à 2008). Le R² est quasi-nul (0,02) quand on teste le lien entre nouveaux bacheliers à l’Université de Poitiers et bacheliers de l’Académie ; il est de 0,27 quand on teste le lien avec les bacheliers de la Vienne, avec une corrélation logiquement positive.

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O
@ N. Holzschuch : intuitivement, on a plutôt départ en L vers les Universités limitrophes, et départ vers Paris plutôt en M. A valider cependant.
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N
...ou Paris ?(franchement, si j'étais dans une situation où j'habite à Poitiers et où je veux vraiment aller à l'Université, les gros mastodontes parisiens seraient assez attractifs... avec l'effet TGV en plus)
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O
@ FL : oui, tout à fait d'accord. D'ailleurs, on voit bien dans le billet précédent que la baisse dans l'enseignement supérieur est concentrée sur l'Université hors IUT, il y a donc pour elle autre chose qu'un effet nombre de bacheliers. Pour compléter un peu, il faudrait voir si on a des fuites croissantes vers d'autres universités (Bordeaux, Tours, Nantes notamment).
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F
le nombre de bacheliers joue, bien sûr, de même que le fait que le taux de passage dans l'enseignement supérieur...mais la question, c'est : que reste-t-il une fois qu'on a déduit ces 2 effets ? et à mon avis, il existe un "effet résiduel", dont j'ai peur qu'il ne soit pas si résiduel que ça... mais c'est ce qui justifie la mise en oeuvre de politiques pour développer l'attractivité...si tant est que ces politiques ne soient pas réduites à néant...
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