Relocalisation picto-charentaise

Publié le par Olivier Bouba-Olga

J'apprends dans Le Nouvel Obs qu'un sellier charentais (Forestier, 27 personnes employées) implanté à Segonzac projette de relocaliser dans une prison charentaise une activité préalablement délocalisée en Inde (activité délocalisée employant 8 personnes). La prison est située à Bédenac, à une soixantaine de kilomètres des usines du sellier. 

Raison invoquée par les responsables : "En Inde, nous avions des problèmes de copie, de surconsommation de cuir, de confiance en général". Les prisonniers français ont été formés, et "produisent un travail à la tâche de qualité, pour des coûts proches de ceux enregistrés en Inde". "Tout se passe dans la plus grande confiance car nos ouvriers de la prison ont accès à tous les outils de sellier, dont certains sont tranchants comme des rasoirs".

Petite histoire intéressante, qui n'est pas sans rappeler celle de Nathan, qui avait relocalisé en 1993, après avoir découvert que son sous-traitant chinois plagiait ses produits pour les redistribuer en France.

On peut conceptualiser facilement, via la théorie de l'agence (voir ici, chapitre 1 pour la théorie, bien sûr!) : le recours à un sous-traitant lointain pose un problème d'asymétrie d'information (le sous-traitant en sait plus que moi sur ce qu'il fait), il en profite pour adopter un comportement opportuniste. La théorie recommande alors de mettre en place des systèmes d'incitation/contrôle pour éviter ces problèmes, mais, en l'occurrence, on peut considérer qu'ils seraient soit innefficaces, soit trop coûteux. D'où la relocalisation, l'activité de surveillance/contrôle étant plus facile et moins coûteuse à proximité... d'autant plus quand l'activité est relocalisée dans une prison (sachant que, aux dernières nouvelles, Michael Scofield n'est pas à Bédenac).

 

Sur le sujet des relocalisations, voir ici (quelques histoires de relocalisation),  (le cas de l'entreprise Samas) et (poids statistique des relocalisations).

Publié dans Délocalisations

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E
eh bah, s'il n'y a plus que les prisonniers français pour lutter contre les coûts salariaux indiens et qu'on s'en satisfasse de façon cynique, perso ça me dégoute.et le coup du "s'il sont bien traité", c'est bien.....c'est le bouquet!faut sortir des techniques economiques parfois pour se rappeler que c'est l'humain qui est au centre de cette recherche du profit coute que coute!
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S
Ne serait ce pas, avant tout, un moyen de retirer les avantages de la localisation en France (gouvernance, confiance, coüts plus faibles dûes à l'absence de systèmes d'incitations/contrôles, coûts de transports, crédibilité de la marque....) tout en conservant une politique de bas salaires (et probablement des allègements fiscaux vu que la prison y gagne aussi...) ?Je doute que beaucoup d'entreprises aient pour but de favoriser la réinsertion des détenus, elles y voient, avant tout, un avantage économique ou en terme de compétitivité.On rejoins là, à mon avis, le post d'Auchan ancré dans une vision populiste et démagogique; je vois bien l'entreprise Forestier justifier ses choix en annonçant qu'elle relocalise en France, créant de l'emploi aux braves Français (certes en prison) travailleurs, facilitant leur réinsertion et leur permettant d'obtenir un peu plus de confort en cellule, grâce à leur salaire dûrement acquis. Bref je crois qu'on fait trop souvent l'amalgame entre la fin et les moyens et c'est cela qui est regrettable.
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A
"Il précise que le travail est souvent rémunéré à la pièce et peut donc conduire à un salaire horaire inférieur au SMR. La concurrence avec l'Asie est forte et beaucoup de détenus n'ont pas de travail malgré leur demande. "la concurrence avec l'Asie ? avec les prisonniers asiatiques ? On nous a déjà fait le coup avec le plombier polonais... maintenant la concurrence concerne les prisonniers français et les prisonniers asiatiques... je pensais qu'ils étaient purement et simplement serviles les quelques survivants dans les geoles chinoises...Bon ok je plaisante Thierry mais ca pouvait préter à confusion...
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B
thermo-future.over-blog.com
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L
On pourrait ptet payer les prisonniers en dollars et relocaliser EADS au gnouf ?En plus, pour les prisonniers il y aurait un intérêt évident : les dollars, ça veut directement servir de papier-cul pour ce que ça vaut.
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