La désindustrialisation de la France

Publié le par Olivier Bouba-Olga

Document de travail très intéressant de la DGTPE sur la baisse des effectifs industriels en France sur la période 1980-2007.

Le constat d'abord : la France a perdu 36% de ses effectifs sur la période, soit 1,9 millions d'emplois, soit encore 71 000 emplois par an en moyenne.

Premier déterminant : l'externalisation vers les secteurs des services. L'étude montre que l'externalisation vers le secteur des services aux entreprises explique 20% des pertes d'emplois de l'industrie. Le chiffre monte à 25% si l'on intègre l'ensemble des services marchands.

Deuxième déterminant : l'évolution de la structure de la demande et des gains de productivité. i) A un niveau global, la hausse du revenu réel permise par les gains de productivité n'est pas utilisée de manière uniforme selon les produits. Compte tenu du niveau de développement de la France, il est clair que l'accroissement du revenu est utilisé pour consommer plus de services. ii) De plus, on sait que les gains de productivité n'évoluent pas de la même manière selon les secteurs : ils sont plus forts dans l'industrie que dans les services, ce qui se traduit par des baisses de prix plus importante. Ces baisses de prix peuvent conduire à un accroissement de la demande adressée à l'industrie, et par suite à un accroissement de l'emploi industriel. Mais dans l'autre sens, les gains de productivité permettent de produire avec moins de salariés. quel effet l'emporte? Les estimations effectuées dans le document montrent que le deuxième effet l'emporte : la hausse de la demande ne permet pas de compenser l'ensemble des gains de productivité. Au total, ces effets expliqueraient 30% de la baisse des effectifs industriels.

Troisième déterminant : la concurrence étrangère, méthodologiquement difficile à évaluer. L'étude estime d'abord à 13% la perte d'emplois liée à l'accroissement des échanges, avec des différences fortes selon les secteurs (gains d'emplois dans les IAA, très fortes pertes dans l'automobile et les biens d'équipements). L'auteur insiste cependant sur les limites de la méthodologie utilisée. Une autre méthodologie conduit à estimer l'effet de la concurrence étrangère à 45% des destructions d'emplois. C'est à cause de la Chine? Pas vraiment : si on se focalise sur le rôle des échanges avec les pays émergents, l'effet est de 17%. C'est donc la concurrence avec les pays de niveau de développement comparable à la France qui explique une bonne part de la baisse des effectifs industriels.

Publié dans Emploi

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> <br /> DEMISSION DES RESPONSABLES DE LA DESINDUSTRIALISATION<br /> <br /> <br /> => HUGUES MOLET Mines Paris  : DU BALAI !!!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Et lorsque ces externalisations se font vers des entreprises françaises qui sont implantées à l'étranger ?<br /> Et lorsque c'est la même entreprise, qui possède un site de production en France et un à l'étranger, et se fournit elle-même de composants ?<br /> <br /> Car bien souvent, une entreprise qui veut délocaliser sa production est bien obligée d'agir en plusieurs étapes :<br /> - création d'une usine à l'étranger, pour "faire seulement les produits bas de gammes". Cette étape est importante, car il faut former des employers étrangers pour cela il faut l'adhésion des<br /> français...<br /> - puis petit à petit on donne de plus en plus de travail à cette usine, on embauche là-bas, tandis que la production et les emplois en France stagnent.<br /> <br /> Et puis la suite dépend des entreprises :<br /> - soit à la 1ère crise venue (en fait dès que l'occasion se présente), on réduit fortement la voilure ou on ferme l'usine en France.<br /> - soit lorsque l'activité est trop "visible" comme c'est le cas de l'automobile (et encore cela ne concerne pas les sous-traitants), on vivote comme ça, avec une activité toujours plus faible en<br /> France, et une activité de plus en plus forte à l'étranger, tout en donnant le change aux hommes politiques. On ne recourt pas vraiment aux licenciements, mais on fait en sorte que les effectifs se<br /> réduisent lentement.<br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> @ Jaggy :<br /> * on tient compte de cela en calculant a valeur ajoutée industrielle (on retranche les consommations intermédiaires, importées ou non d'ailleurs, de la production).<br /> * les gains de productivité ont plusieurs sources : automatisation, meilleur formation des personnes, autres modes d'organisation, innovation procédé, etc. L'externalisation de certaines activités<br /> vers d'autres entreprises est effectivement un moyen possible de gagner en productivité, très fortement utilisé par les entreprises. Mais attention, la majorité de ces externalisations se font vers<br /> des entreprises frnaçaises, une part beaucoup plus faible vers des entreprises étrangères, et encore plus faible vers des entreprises étrangères de pays low cost.<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Je m'interroge sur l'affirmation de certains, selon laquelle la production industrielle française augmenterait. En effet, je pose cette question : quantifie-t-on correctement cette production<br /> industrielle ?<br /> <br /> Un exemple : si j'achète le corps du stylo bille en Chine, la mine de mon stylo en Inde, le bouchon en Roumanie, et que j'assemble mon stylo (opération qui prend 2 secondes, une seule machine et un<br /> seul ouvrier ouvrier qualifié pour 10000 stylos/jours) en France, considérez-vous que ce stylo est de la production industrielle française ? Parce qu'effectivement ce stylo sera estampillé "Made in<br /> France".<br /> <br /> Et dans ce cas, on a en plus 2 possibilités : l'achat de composants à des entreprises étrangères, ou la production de ces composants par des entreprises françaises implantées dans des pays<br /> étrangers.<br /> <br /> Ma question est donc, est-on capable dans tous les cas de quantifier la part de ce stylo qui est produite en France, et la part qui est en réalité importée ?<br /> <br /> Si je pose cette question, c'est aussi parce qu'il semble évident pour tout le monde ici, que l'industrie permet des gains de productivité faramineux... or travaillant moi-même dans l'industrie, je<br /> peux vous dire que ces gains de productivité sont en bonne partie obtenus par le moyen que je viens de décrire : par des délocalisations de certaines parties de notre activité dans des pays low<br /> cost.<br /> <br /> Je ne suis pas dans un mode de pensée à essayer d'établir si cela est bien ou non. Mais je m'interroge seulement sur vos affirmations, car il me semble que nos gains de productivité (à vous<br /> entendre obtenus presque miraculeusement) ne sont plus aussi faciles à obtenir aujourd'hui en France comme cela a pu être le cas pendant les années 70 à 90, quand on a découvert l'informatique.<br /> <br /> Je suis donc persuadé, en tant qu'employé de cette industrie, que plus de la moitié de nos gains de productivité actuels sont obtenus grâce à des délocalisations. C'est si simple de produire 95%<br /> des pièces de nos voitures dans de pays low-cost, de ne faire que le montage en France... croyez bien que tous les dirigeants de nos entreprises y ont pensé.<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Le couplage public/privé aux USA a permis la mise en oeuvre et le développement d'Internet, et si l'effet  coté chine n'est que de 15/20%, cela reste quand même du à un concurrence très<br /> imparfaite (monétaire euro fort et yuan faible*salaire*protection sociale*transfert techno etc...) au niveau mondiale et plus qu'inégale au niveau européen (fiscalité). Les deux leviers<br /> que sont une plus grande capacité au niveau des territoires, une plus grande coopération au niveau européen. Un chiffre  "85 % des dépenses de R&D des entreprises françaises sont réalisées<br /> dans l’industrie ; sans base industrielle, pas d’innovation"?????<br /> <br /> <br />
Répondre