Nicolas Sarkozy au Medef

Publié le par Olivier Bouba-Olga

Jeudi dernier, invité par le Medef, Nicolas Sarkozy a déclaré :
la France ne s'est "pas encore remise du choix historiquement stupide d'expliquer aux gens qu'en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".

Moi, je dis qu’il a raison, Nicolas : il faut faire sortir de la tête des gens l’idée que l’on peut gagner plus en travaillant moins. C’est une contre-vérité totale : pour gagner plus, il faut travailler plus. Logique. Les responsables du Medef ont eu raison de lui faire une standing ovation, l’autre jour (normal, me direz-vous, les chefs d’entreprises, ça connaît l’économie).

 La preuve en image (les tableaux sont tirés de l'ouvrage remarquablement bien fait intitulé "The State of Working America 2006-2007" du Economic Policy Institute).

 Image numéro 1, où l’on apprend que le revenu par tête des habitants des pays développés a sensiblement augmenté de 1970 à 2004. En gros, doublement en 34 ans (il s’agit des revenus par tête exprimés aux prix et taux de change PPA 2000).

Image numéro 2, où l’on découvre stupéfaits que pendant ce temps,  les salariés sont devenus de plus en plus fainéants : dans tous les pays, le nombre d’heures travaillées par personne et par an a diminué. Même aux Etats-Unis. Beaucoup plus en France, mais y’a encore plus fainéants : Pays-Bas, Norvège, Allemagne. Le Danemark est juste derrière la France.
Image n°3, où l'on comprend que cette évolution paradoxale n'a rien de paradoxale. On peut gagner plus en travaillant moins si la productivité du travail augmente : les gains de productivité, ca veut dire que la croissance des richesses produites est supérieure à la croissance des ressources mobilisées. On peut en profiter soit pour maintenir constant les ressources mobilisées (notamment en travail = constance des heures travaillées) et accroître les revenus des salariés ; soit pour réduire les ressources mobilisées (diminution du temps de travail par exemple).

Après on peut débattre sur les choix les plus pertinents pour l'avenir : faut-il continuer sur cette tendance? Quand? à quel rythme?  N'a-t-on pas été trop loin et/ou trop vite? etc. On peut s'interroger sur le temps partiel subi, notamment par les femmes. On peut s'interroger aussi sur les moyens de gagner encore en termes de productivité, se dire que ces gains de productivité sont passés par une dégradation des conditions de travail dans l'entreprise (cf. l'ouvrage d'Askenazy  "Les désordres du travail"). Mais autant éviter de lancer le débat en affirmant que l'on n'a pas le choix ; en formulant de pseudo-lois économiques démenties clairement par l'histoire des faits économiques.
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G
<br /> <br /> J'avais fait un peu la même analyse que vous et ai décidé de savoir quel devait être le temps de travail pour obtenir la plus grande production. Le résultat est stupéfiant : il faut réduire<br /> le temps de travail en France de 20 % !<br /> <br /> <br /> L'étude est ici : http://toutestbienensomme.wordpress.com/2010/08/03/35-heures-une-heresie-pas-si-sur/.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
pétiton pour la déstitution de niciolas sarkozy de ses fonction de président de la république à signer et a diffuser largement signez sur www.antisarkozysme.com
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A
@ Bernard et à Gilbert : arrêtons la démagogie ! Mr Darcos s'en occupe déjà !Le travail d'un entrepreneur et celui d'un économiste (le chercheur propose de théoriser et l'enseignant d'enseigner) est totalement différent. L'économiste ne cherche pas à expliquer commer l'épicier doit tenir son magasin. Vous confondez deux choses : le fonctionnement de l'économie et le fonctionnement d'une entreprise. L'économiste n'a pas la prétention d'imposer à l'entrepreneur comment gérer son entreprise.Olivier Bouba-Olga se propose juste de décrypter, en utilisant des chiffres officiels américains (on ne peut lui reprocher d'utiliser des statistiques complaisantes) la tendance à la baisse tendancielle du nombre d'heures travaillées et de la confronter à la productivité.Dès qu'il s'agit d'expliquer ou d'éclairer des propos politiques (n'est-ce pas le rôle aussi de l'enseignant en économie), les démagogues font leur retour. Alors oui, il y a une différence entre l'enseignement de l'économie et la réalité de l'entreprise, mais à relire attentivement monsieur Bouba-Olga, a aucun moment il ne jette l'opprobre sur les chefs d'entreprises. Il jette juste un regard 'statistiques' sur une contre-vérité politique. Il aurait pu mener le même type d'analyse sur les propos de Ségolène Royal. Mais elle a perdu, Nicolas Sarkozy est dorénavant sous le feu des projecteurs.... et des critiques...
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B
A lire les commentaires sur ce blog, j'ai bien peur d'avoir la preuve écrite que nos enseigants en économie n'ont jamais vu un "vrai" acteur écomomique et que l'enseignement de cette discipline dans nos plus glorieuses institutions ne soit confié aux docteurs de Molière. (ceux qui parlaient le charabia pour masquer leur ignorance). Je n'ai qu'un conseil à vous donner : Aller tenir une épicerie de quartier pendant deux ans. Si au bout de ce délai, vous n'avez pas fait faillite alors vous pourrez dire "je connais UN PEU d'économie.Mais c'est vrai que c'est plus facile dans les livres et les salon.
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G
Cher Monsieur,Quand on sort un peu de chez soi et que l'on regarde la France d'un air attendri, mais d'un point de vue différent, en prenant un tant soit peu de hauteur, on verse une larme sachant que nous perdons quelques places chaque décades au bilan de notre place économique dans le monde.On en fait part à ses amis à San Diego ou à Imatra en Finlande et ils vous disent... Oui mais vous êtes dirigé par les intellectuels virtuels, en France, tout est théorisé, chez vous!La ou en Allemagne on va préférer engager un directeur Marketing ayant fait ses preuves, même s'il n'a aucun diplôme, en France on va préférer un âne bardé de diplômes.Le vice recteur de l'Université de Nantes me disait que cet amour de l'intellectualisation des étudiant Français au détriment du réel était un problème majeur, il en donnait l'exemple suivant :Deux étudiants, un Français et un Espagnol  résolvent un problème de résistance des matériaux !Les éprouvettes tests montrent  qu'ils ont commis la même erreur.L'espagnol se remet automatiquement en cause, le français cherche l'erreur dans l'éprouvette.Que pensez vous de ces gens qui en France entendent nous régenter (et nous dirigent depuis trente ans) avec la suffisance que seule confère l'inexpérience ?
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